Médaillé olympique à Londres en 2012, l'Orléanais s'est incliné en finale des championnats du monde à Rio de Janeiro contre le Japonais Ono. Avec cette première médaille, il débloque le compteur tricolore. Automne Pavia, elle, termine au pied du podium.
Ugo Legrand n’a pas un nom illustre pour rien. Certes, le natif de Rouen (Seine-Maritime) n'a pas réussi à s'emparer de l'or mondial à Rio de Janeiro, mercredi 28 août. Mais que son parcours fut beau dans la catégorie des -73 kg, la plus relevée de ces championnats du monde avec 79 engagés. En finale, le Français est tout simplement tombé contre plus fort que lui, un "monstre" nommé Ono qui, du haut de ses 21 ans, est appelé à régner longtemps sur cette catégorie. D'entrée, le Japonais neutralisait Legrand à la garde et manquait de peu un uchi-mata de toute beauté comptabilisé yuko. Une alerte du Japonais qui n'allait pas tarder à récidiver quelques secondes plus tard. Après une âpre bataille à la garde, le nippon enclenchait un hane-goshi (technique de hanche) qui propulsait le Français à la verticale. Une technique imparable qui le couronnait roi des -73 kg. "Je suis partagé entre la déception et le soulagement. C'est la plus belle des médailles que j'ai eues à ce niveau quand même, a réagi Ugo Legrand, petit sourire aux lèvres. C'était une journée de fou. J'ai enchaîné sept combats très durs et vu ma saison cette année, je ne peux qu'être content. Bien sûr, j'aurais voulu l'or. Mais le Japonais a été très fort. Il va falloir que je travaille beaucoup pour le neutraliser. Mais avec un saison sans blessure, je pense que je peux trouver des solutions."
Après deux premiers tours de chauffe face au Kenyan Kinyanjui et à l’athlète des Seychelles Nady Jeanne, le Français rentrait dans le dur pour son troisième combat qui l’opposait au redoutable Mongol Khashbaatar, champion du monde en 2009 à Rotterdam. La bataille fut intense au niveau du kumikata (prise de garde) et très tôt le Mongol se faisait pénaliser. Une opportunité que saisissait Ugo Legrand en laissant tomber les moulinettes. En huitièmes de finale, l’Orléanais adoptait le même schéma face à l’Ouzbekh Sharipov, disqualifié pour non-combativité. Contre le Kazakh Ykybayev, c’était encore un combat tactique que Legrand gérait d’une main de maître jusqu’à ce qu’il trouve une ouverture sur o-soto-gari (une technique sur l'arrière) qui lui permettait de marquer waza-ari. Un avantage qu’il allait conserver pour s’offrir une place dans le dernier carré. La suite, on la connaît. Après une demi-finale très tendue face au Mongol Sainjargal, le Français allait s'inclinait face au prodige Japonais Ono.
Si le titre était attendu par tout le clan français, la performance du Français a néanmoins été énorme comme l'a salué Stéphane Frémont, son coach: "Il a sorti une journée de dingue aujourd'hui. Je suis très satisfait de son parcours car il a prouvé qu'il était un judoka de championnat qui savait se hisser à la hauteur de l'événement."
Champion du monde junior à Bangkok (Thaïlande) en 2008, le judoka avait réussi à s’imposer très tôt dans la cour des grands en devenant médaillé de bronze aux championnats du monde à Paris en 2011. En 2012, le Français avait réussi à devenir champion d’Europe en Russie avant d’accrocher le podium olympique à Londres en juillet 2012. Une performance dont il avait eu du mal à se remettre, songeant même à arrêter après un Tournoi de Paris catastrophique où il s’était incliné dès le premier tour. Il ne fallait donc pas se fier à sa médiocre saison pour aborder les championnats du monde au Brésil, comme il l’a prouvé ce mercredi. Ugo Legrand est un combattant des grands rendez-vous. « A Rio, je serai champion du monde », annonçait-il avec aplomb. Des paroles que d’aucuns auraient pu juger présomptueuses… Mais le judoka, a son franc parler et rarement il trébuche lorsqu’il se lance un défi. Pari presque réussi donc pour celui qui aura encore d'autres occasions de dominer le monde.
Pavia passe à côté
Automne Pavia, quant à elle, fut impériale jusqu'au stade de la demi-finale où elle rencontrait la terrible brésilienne Rafaela Silva (lire son portrait que nous publions il y a quelques jours) qui n'était pas prête à lâcher le morceau (devant son public de feu, c'est d'ailleurs elle qui allait s'imposer et apporter sa première médaille d'or au Brésil). Humiliée par l'athlète locale, l'Orléanaise a ensuite décroché et manqué le coche pour la médaille de bronze. "A partir du moment où j'ai perdu ma demi-finale, j'ai réalisé que je ne serai pas championne du monde. Et je n'ai pas réussi à me remotiver. Je suis déçue, forcément et je pense que je ne suis pas à ma place... ", a expliqué la judoka, en pleurs devant les journalistes.
Cette saison, la native de Péronne (Picardie) avait pourtant réalisé un sans faute. Après ses victoires au Tournoi de Paris (février) et aux championnats d'Europe à Budapest (avril), la Française était la grandissime favorite au titre mondial. Une pression qui a peut-être pesé sur ses épaules...
Florent Bouteiller, envoyé spécial à Rio de Janeiro
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